5/13/2019

Abolition des classes pour enfants TSA au primaire à St-Bruno!


Dans la vie de parent d'un enfant autiste, vient des moments où il faut se débattre.   C'est certainement le même combat pour tous les parents d'enfants qui ont des besoins particuliers.  Dans le système scolaire, des décisions arbitraires sont prises au détriment du bien-être de nos enfants qui ont besoin de stabilité.  Nous avons souvent l'impression que nos enfants sont des citoyens de second ordre tant les décisions et les ressources ne sont pas alignées avec leurs besoins.

Récemment, la Commission scolaire des Patriotes a pris une décision qui aura un impact majeur sur la vie de mon fils autiste de neuf ans et sur tous ses petits camarades de classe : ils devront changer d'école, dans une autre ville.  L'univers fragile de ces enfants, pour qui leur école était leur univers, s'écroule devant des décisions bureaucratiques dénuées de sensibilité face à leurs besoins.

Il est temps que des explications soient rendues publiquement.  On ne peut pas continuer de malmener ainsi nos enfants.  Voici la lettre que j'ai acheminée à la Commission scolaire, au Ministre de l'Éducation et aux médias.  Je vous remercie d'avance de partager au plus grand nombre.



LETTRE OUVERTE : Pour accueillir un nombre accru de nouveaux élèves des classes régulières à St-Bruno, la Commission scolaire des Patriotes « déménage » les enfants TSA dans une autre ville

Le 17 avril dernier, tous les parents d’enfants à besoins particuliers ont reçu une lettre imprécise de l’école De Montarville pour les informer que la Commission scolaire des Patriotes allait bonifier le nombre de classes en enseignement spécialisé. La bonne nouvelle en cachait toutefois une moins bonne : les enfants des classes TSA (Trouble du spectre de l’autisme) et tous les autres qui bénéficient d’un service d’enseignement particulier devront changer d’école. Or, aucune information spécifique n’a alors été fournie sur le sort de notre fils.

Pendant deux semaines, ce fût le suspens. Ce n’est que le 29 avril que la directrice de l’école De Montarville, Mme Caroline Brunelle, a pu confirmer que notre fils changera d’école et de ville en septembre prochain. Il sera relocalisé à l’école La Chanterelle à St-Basile-le-Grand. L’explication est vague : semble-t-il qu’il y a trop d’élèves des classes régulières dans les écoles de St-Bruno et, pour leur faire de la place, on a fait le choix de changer d’école les enfants TSA et tous les autres ayant des besoins particuliers. L’école de mon fils sera ainsi vidée de tous les enfants TSA qui y évoluent depuis leur première année.

Ces enfants, qui sont parmi les plus vulnérables au changement, vivront ainsi leur deuxième changement d’école depuis la maternelle. Pour certains, ce sera peut-être un troisième ou un quatrième changement d’école. À  l’époque où mon fils a commencé le primaire, il n’y avait pas de maternelle pour enfants TSA à St-Bruno.

Avec cette décision,  nous sommes d’avis que la Commission scolaire des Patriotes va mettre en péril la réussite scolaire de ces enfants en brisant leurs liens d'attachement et leurs habitudes de vie, en les obligeant à s’adapter à un nouveau milieu. Les enfants autistes sont parmi les plus fragiles à cet égard.  De plus, en les transférant dans la ville voisine, nous devrons utiliser le transport scolaire et le service de garde, ce que nous avions éliminé de l'horaire de notre fils, puisque cela contribuait à augmenter sa charge cognitive en allongeant sa journée.

Nous avions pris des moyens - en faisant même des choix professionnels plus adaptés - pour être en mesure de rester disponibles toutes les fois que l’école ou le service de garde n’était plus en mesure de s’occuper de notre enfant. La proximité de l’école nous aidait énormément à concilier travail et famille, surtout en périodes de crises au quotidien.

Pour ajouter à cette décision que nous considérons irresponsable, l’amateurisme de la stratégie de communication de la CSP a fait en sorte que notre fils a appris la nouvelle par la bouche d’un petit camarade de classe, avant même que nous ayons pu convenir d’une stratégie pour lui annoncer la nouvelle.

«Ça me stresse, maman »

Une nouvelle qui, de son propre aveu, stresse notre fils et augmente son niveau d’anxiété, car il sait qu’elle viendra changer sa vie.


Il faut savoir que l’un des besoins des enfants autistes est la stabilité et la prévisibilité. Ces enfants sont particulièrement sujets à l’anxiété et une grande partie de leurs comportements jugés « difficiles » sont précisément déclenchés par l’anxiété. Depuis qu’il a appris la nouvelle, il a de la difficulté à dormir. Il veut savoir s’il aura la même enseignante et il a déjà de la peine à l’idée de la perdre. Il était fier de son école, l’école De Montarville. Il se demande si ses amis se retrouveront dans la même classe que lui. Il veut savoir si la nouvelle école aura les mêmes règlements que l’ancienne et s’il y aura des modules de jeu. Par ses questions, je vois que la Commission scolaire des Patriotes a bousculé son univers. 

Il faut savoir que, de la première à la troisième année, nous avons vécu des débuts d’année scolaire très pénibles, car notre fils avait peine à se réadapter à l’école à la fin de chaque été. Ainsi, chaque année, il a perdu de trois à quatre mois de scolarisation, puisqu’il ne réussissait pas à s’adapter à la rentrée scolaire. Même scénario année après année - malgré des enseignantes spécialisées - au bout de trois à quatre semaines, il était complètement désorganisé et il fallait faire un plan d’intervention d’urgence. Cette année, il a aussi été en forte réaction, car il a eu une nouvelle enseignante. Nous commencions à voir des améliorations de fond grâce à l’aide des intervenantes du CRDI, notamment, mais aussi de l’enseignante. Tous nos efforts et tous ceux de mon fils, seront-ils anéantis par cette décision?

La Commission scolaire des Patriotes peut-elle expliquer le cheminement de sa décision sur la place publique? Pourquoi n’a-t-elle pas développé une stratégie qui aurait permis de laisser ce petit groupe d’élèves terminer leur primaire à l’école De Montarville et leur éviter un changement de trop?   Nous demandons aussi que la Commission scolaire des Patriotes explique son raisonnement quant au regroupement de classes spécialisées dans une ville voisine. Ne devrions-nous pas privilégier la proximité de ces élèves avec leur milieu de vie? Ces enfants n’ont-ils pas droit à la stabilité? Ce droit ne devrait-il pas être privilégié, puisque leur réussite scolaire en dépend?

Au final, comment peut-on prétendre vouloir le bien de ces enfants lorsqu’on prend une telle décision? Nous sommes immensément déçus et fâchés par la décision de la Commission scolaire des Patriotes.

11/26/2017

Simon, 15 ans, se jette sous le train

Crédit photo : Daniel Wehner, Creative Commons
Cette semaine, les médias ont rapporté qu'un homme de trente ans s'était lancé devant un train de la ligne Saint-Hilaire.  Vendredi soir, Karine Dufour publiait sur Facebook qu'il s'agissait en fait de son jeune frère de 15 ans, Simon, un élève doué en musique qui fréquentait l'école secondaire André-Laurendeau.  L'information été confirmée par les médias samedi.  Radio-Canada a fait un reportage dans lequel le père du jeune homme lance un cri du coeur pour que cesse l'intimidation.



Un jeune homme âgé d'un an de plus que mon fils aîné.   Il aurait été victime d'intimidation.  Il s'est levé jeudi matin et il a décidé que c'était terminé.  C'était son seul remède pour faire cesser l'intimidation.

Ça me bouleverse.

Est-ce parce que mon propre fils a presque le même âge?  Parce qu'il a lui même eu des idées sombres l'an dernier?  Est-ce parce que j'ai moi-même contemplé les rails au même âge?  Est-ce parce que je suis stupéfiée par la méchanceté des jeunes qui intimident d'autres jeunes?  Est-ce parce que c'est une autre vie que nous aurions pu sauver si on avait su?

C'est tout ça.

Je m'interroge sur notre ouverture collective à accueillir la souffrance.  Celle de l'enfant, celle de l'adulte.  Avons-nous peur de la souffrance des autres?  Notre rapport au bonheur est-il si fragile que nous ne trouvons pas la force de faire face au désespoir des autres?  Sommes-nous encore trop habités par une pudeur mal placée qui nous empêche encore trop souvent de venir en aide à autrui?


Ce qui me trouble surtout, c'est l'immense désespoir qui a habité ce jeune homme.  Un mal qui emprisonne, si envahissant qu'il ne reste qu'à se jeter sous le train pour s'en libérer.

Il faut avoir mal en viarge pour se jeter sous le train.

Comment un enfant de 15 ans peut-il avoir si mal?  Quinze ans, une vie presque toute neuve plombée par une souffrance fatale.  Comment peut-on ne pas s'en rendre compte?  Comment a-t-il camouflé ce mal? Comment a-t-il pu endurer cette douleur jusque-là sans que son entourage le sache?  Et si on le savait, pourquoi n'a-t-on pu l'aider?



Simon Dufour.  Source : Radio-Canada








Je ne connais pas l'histoire du jeune homme et je ne veux porter aucun jugement sur l'aide qu'il a reçue ou non. Ses proches ont probablement tout fait pour l'aider.  Il n'en demeure pas moins qu'il décidé de mettre fin à sa vie parce qu'il ne pouvait mettre fin à ce qui le faisait souffrir.

Cet enfant n'est pas le seul à vivre de la souffrance.  Des milliers d'autres vivent aussi ce mal dans le silence.   Dans ce cas-ci, on rapporte que c'est l'intimidation subie à l'école qui aurait menée ce jeune au suicide.  Parfois, la souffrance est causée par autres choses, mais je crois que c'est bien plus que ça.   D'autres vivent de l'intimidation, de l'exclusion sans pour autant mettre fin systématiquement à leurs jours.  Ce qui tue, c'est l'impossibilité de pouvoir en parler pour que ça arrête, c'est l'incapacité à se libérer de sa souffrance.  L'incapacité à entrer en résilience.  Peut-on enseigner la résilience?  L'apprendre?

Simon Dufour.  Source : Facebook
Les campagnes de sensibilisation au suicide sont-elles efficaces? On ne pourra jamais mesurer précisément le nombre de vies sauvées, mais chaque fois qu'un nouveau suicide survient, je me demande pourquoi on a pas été capable d'intervenir plus tôt pour sauver cette vie-là.  Je n'ai pas la réponse et je ne ferai pas le gérant d'estrade en critiquant ou en proposant des pseudos-solutions, mais je m'interroge.

Je m'interroge sur notre ouverture collective à accueillir la souffrance.  Celle de l'enfant, celle de l'adulte.  Avons-nous peur de la souffrance des autres?  Notre rapport au bonheur est-il si fragile que nous ne trouvons pas la force de faire face au désespoir des autres?  Sommes-nous encore trop habités par une pudeur mal placée qui nous empêche encore trop souvent de venir en aide à autrui?

S'il est difficile en tant qu'adulte de vivre avec la souffrance, ce l'est davantage dans un corps d'enfant ou d'adolescent.   Peut-on aborder cette question de la même manière avec eux?  Peut-on améliorer notre façon d'aider?  En tant que mère, j'ai eu à aborder ces questions avec mon aîné, mais comment puis-je être certaine que mes interventions ont porté fruit à long terme?  Comment un parent peut-il être certain que son enfant est en lieu sûr?   L'aide psychologique est-elle suffisante? Et que fait-on si un enfant refuse de voir un psychologue?  Que fait-on si un parent ne juge pas que la détresse de son enfant justifie une visite chez le psychologue?  Que fait-on si un enfant garde tout ça en dedans?

Que fait-on pour éviter un drame?  Peut-on s'éduquer pour mieux aider et pas seulement qu'en situation de crise?   On ne fait pas un cours de secourisme le jour où survient un accident.  On le fait en amont, pour être prêt à aider le jour où nous serons témoins d'un accident.   Pour la prévention du suicide, ne devrait-on pas avoir une formation - un peu comme les cours prénataux- qui nous rendrait plus compétents dans nos interventions avec nos enfants et ceux des autres?

Peut-on élever notre compétence pour flairer plus adéquatement les causes d'une si grande souffrance et aider mieux nos enfants, nos frères et soeurs, nos amis, nos parents?


Un rappel : 
Vous ou l'un de vos proches a besoin d'aide?  Contactez le 1-866-APPELLE (277-3553) et votre appel sera acheminé à la ressource de votre région au Québec. Pour le reste du pays, consultez le site de l'Association canadienne pour la prévention du suicide.

9/19/2017

Arrête de dire que mon enfant est différent!


On entend ça à la pelle.  À la télévision, à la radio, sur le web, dans les écoles, à la commission scolaire, dans nos familles.

« Les enfants différents »

Une tautologie qui me fait grincer des dents.

On veut désigner ceux qui ne suivent pas le tronc commun, ceux qui ont besoin de soutien supplémentaire dans leurs apprentissages, ceux qui sont handicapés d'une manière ou d'une autre. Mais.... tous les humains sont différents!  Oui, ils sont différents, comme vous et moi le sommes.  Il n'y a pas deux être humains sur terre qui sont pareils, mêmes les jumeaux sont différents malgré leurs similarités.

Alors pourquoi parler des « enfants différents » ?  Pour les mettre dans une petite case, une petite boîte qui nous permet de les séparer des « autres » qui sont ...

...je vous entends le dire dans votre tête.

« Normaux ».  Les ceuzes qui suivent la norme.  Ceux qui ne sont pas « défectueux », sous-entend-t-on.

Mon fils a certes besoin d'accompagnement, de méthodes d'enseignement et d'un encadrement adaptés.  Il a des besoins que d'autres enfants n'ont pas.  Des besoins qui ne ressemblent même pas à ceux de sa petite camarade de classe qui elle-aussi est TSA.

Et c'est dans le respect de son caractère unique qu'il sera en mesure de créer des ponts avec tous les autres qui font partie de son écosystème.  C'est à partir de cette prise de conscience qu'il pourra célébrer qui il est et trouver la place qui lui revient dans la société, non pas en tant qu'être « différent » mais en tant qu'un être unique.  

Mais chaque enfant est d'abord un enfant.  Mon fils est un enfant.  Demain, il sera ado et après-demain, il sera adulte.   Si on continue de le désigner comme un individu « différent » - avec la petite étiquette qui dépasse de son chandail - on va le stigmatiser.  Il sera celui qui ne « fitte » pas nul part.

« Ben non! » s'exclament en coeur les biens-pensants.   Mais non, c'est pas dans ce sens-là qu'on dit ça, ce n'est pas péjoratif!   C'est beau la différence, il faut célébrer la différence! »

Ok, au sens général, oui, c'est beau la différence, mais nous utilisons le mauvais mot.  Nous devons célébrer l'unicité de chaque individu.

Mon fils est unique, comme le vôtre.  Il a besoin qu'on adapte un peu son environnement, il a besoin d'aide, d'un encadrement particulier, mais je n'ai pas envie qu'il passe le reste de sa vie à s'interroger sur un concept qui ne tient pas la route et qui lui renvoie le message qu'il fonctionne en marge de la société.  Les mots que nous utilisons peuvent changer le cours d'une vie.

Je veux que mon fils soit fier de ce qu'il est, avec ses forces et ses faiblesses, avec ses défis, avec sa réalité qui lui sera unique.  Unique, comme votre réalité l'est aussi.  Et c'est dans le respect de son caractère unique qu'il sera en mesure de créer des ponts avec tous les autres qui font partie de son écosystème.  C'est à partir de cette prise de conscience qu'il pourra célébrer qui il est et trouver la place qui lui revient dans la société, non pas en tant qu'être « différent » mais en tant qu'un être unique.

L'unicité est en fait notre seul grand dénominateur commun. C'est ce qui permet de créer, de bâtir, d'imaginer.  Reconnaître que nous sommes uniques permet aussi d'apprendre à s'aimer tel quel, à croire que, chacun à notre manière, nous pouvons contribuer à la société.

Alors, lâchez-moi ça, « les enfants différents ».  C'est la pire invention du siècle!


9/17/2017

Ne pas baisser les bras


Mon Loulou vient de passer sa ceinture jaune-orange au karaté.
Oui, mon p'tit loup qui ne parlait pas à trois ans, qui portait encore des couches à cinq ans.
Mon petit homme qui piquait des crises pas possibles en maternelle, en première et en deuxième année.

Oui, c'est le même petit.  Aujourd'hui, c'est une petite machine à paroles, une petite bombe de sociabilité, un petit bonhomme qui s'imagine déjà devenir un scientifique, qui parle l'anglais aussi bien que le français, qui pose des questions en rafales car il est curieux comme pas deux.
Mon petit Loulou a maintenant huit ans, la moitié de ses dents, et il fonce droit devant, avec confiance.

Mon petit a pourtant été diagnostiqué TSA et TDAH il y a cinq ans.  Et non, il n'était pas « juste un peu autiste » ou « autiste léger ».  Il était sur le spectre, big time, avec de gros retards de développement, des difficultés importantes dans ses interactions sociales, des troubles de comportements nuisibles à son adaptation à l'école.

Non, il n'est pas guéri.  Il ne le sera jamais, mais sa condition s'est grandement améliorée si bien que nous croyons qu'un jour, son diagnostic sera probablement imperceptible.

Qu'est-ce qui a fait une différence dans sa vie?

Le diagnostic précoce
D'abord, le diagnostic à trois ans est probablement ce qui l'a le plus aidé.  Quand une éducatrice de garderie émet une hypothèse sur l'état de son enfant, il est facile de se replier dans le déni, mais j'insiste, il faut vérifier, apprendre à reconnaître les premiers signes.  Lorsqu'on a des assurances, il vaut la peine de se tourner vers des centres privés comme le CÉNAA afin qu'une équipe multidisciplinaire évalue notre enfant.  Si on doit aller dans le secteur public, il faut se battre encore, mais le temps d'attente a diminué dans certaines régions, notamment en Montérégie.    Le diagnostic est le facteur-clé qui permettra à votre enfant d'obtenir des services et vous, du soutien.

L'implication de sa communauté 
Le jour du diagnostic, la directrice et l'éducatrice du CPE qu'il fréquentait nous ont accompagné. Elles se sont documentées, la directrice a demandé des subventions afin d'adapter son milieu, la travailleuse sociale du CLSC a fait le pont avec le Centre de réadaptation en déficience intellectuelle (CRDI), qui nous a ensuite soutenus à domicile et au CPE.

Lorsqu'il a fait ses débuts à l'école, il a eu droit à une insertion progressive.  Pendant un an, il a fréquenté une classe de maternelle spécialisée le matin et le CPE l'après-midi et il bénéficiait du transport en berline à l'heure du midi.

Nous l'avons accompagné avec l'ergothérapie, des ateliers d'éveil musical (il n'y en avait pas alors j'avais démarré un projet-pilote) et depuis un an, avec le karaté.  Nous avons appliqué les enseignements du CRDI à domicile, nous avons embauché une jeune enseignante pour l'aider avec ses devoirs l'an dernier.  Il ne pourra pas commencer son programme de troisième année encore, mais il a fait de nombreux progrès et je crois aujourd'hui qu'il finira par rejoindre le programme régulier au secondaire.

Quand il a commencé sa première année, il a changé d'école.   La nouvelle équipe-école a fait toute la différence. Il bénéficie d'un soutien incomparable. Ça, et l'aide du CRDI encore une fois.  Et puis l'assistance de notre merveilleuse travailleuse sociale qui m'a appuyée dans mes démarches et moralement aussi.   D'ici les prochaines semaines, il commencera les ateliers de gestion des émotions offert par le CRDI.  La cerise sur le sundae!  

Tous les intervenants se sont coordonnés pour aider mon fils. Aider, c'est le mot-clé, le mot qui change tout dans la vie d'un parent et celle d'un enfant.

Tout ça, car mon fils a eu un diagnostic très tôt.  Tout ça, parce que nous habitons en Montérégie où il y a un nombre plus élevés de cas qu'ailleurs au Québec et donc, davantage de services.  Tout ça parce que j'ai tenu mon bout, son papa aussi.  Nous n'avons pas baissé les bras, même quand c'était très décourageant.

Si j'ai eu envie d'écrire ce billet aujourd'hui - après des mois et des mois d'absence  (et j'imagine que vous comprenez pourquoi en me lisant, ma priorité était de soutenir mon fils) - mon petit coeur de mère recommence à battre.  Voilà cinq ans que je vis en me demandant si mon fils sera capable de cheminer adéquatement, que je retiens mon souffle à chaque tournant.

En tant que parent, chaque effort vaut la peine, ne serait-ce que pour améliorer un pour cent de la vie de notre enfant.  Chaque effort qui provient de son milieu de vie a aussi tellement d'importance.   Oui, il faut insister, demander l'aide nécessaire, dépenser des dollars qu'on aimerait mieux dépenser ailleurs, mais à la fin, lorsqu'on voit son petit qui profite de sa vie, qui aime sa vie, c'est la plus grande récompense.  Parfois on pleure, parfois on a envie de se rouler en petite boule dans le creux du divan, mais il ne faut pas lâcher.  Passez-le ce mot d'encouragement à d'autres parents.


1/29/2016

Autisme, le vrai débat, c'est pas le régime sans gluten

Votre enfant sera-t-il « guéri » de l'autisme grâce à un régime sans gluten?  J'en doute et je ne suis pas la seule.

Qu'importe, j'ai été agacée par ce faux débat médiatique suscité par la présence de Nathalie Champoux à Salut Bonjour cette semaine,  l'auteur de Être ou ne pas être autiste, celle qui prétend avoir guéri ses enfants grâce à un régime sans gluten.  J'ai feuilleté son livre à la pharmacie pour me rendre compte assez vite qu'il n'y avait aucun fondement scientifique à ce qu'elle avance.

Son livre n'est qu'un pamphlet de croyances qui illustre très bien l'ignorance collective face à l'autisme.

L'autisme n'est pas une maladie, mais bien un trouble de développement du système nerveux qui affecte les communications, les interactions sociales et les fonctions exécutives (PDF).  Souvent, les enfants sur le spectre de l'autisme (TSA) sont également diagnostiqués avec un trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H), car il s'agit aussi de résultat d'une immaturité d'une autre partie du cerveau. Plusieurs autres troubles sont également associés à l'autisme, notamment dans la sphère du langage (dysphasie, dyspraxie).


Ce qui m'a agacée, c'est le temps d'antenne et les articles consacrés à ce débat sur l'idée de guérir son enfant de l'autisme avec une diète spéciale, alors que le vrai débat devrait porter sur l'accessibilité du dépistage précoce de l'autisme.

Quand le CPE que fréquentait mon fils m'a prévenue qu'il y avait un truc qui ne tournait pas rond avec lui et qu'on suspectait l'autisme sur le bout des lèvres, je me suis renseignée sur les services de dépistage.  Au public, il fallait attendre pendant des mois, voire des années alors que tous les spécialistes rencontrés me disaient qu'il valait mieux poser un diagnostic tôt dans la vie puisque la fenêtre d'opportunité pour le stimuler afin qu'il rattrape ses retards d'apprentissage était entre trois et six ans.  Puisqu'il avait déjà deux ans et demi, et que j'en avais les moyens, je me suis tournée vers le privé.  En moins de six mois après ma demande auprès du CENAA, le diagnostic a été posé et nous avons obtenu tous les services auquel il avait droit.  Le CPE a demandé la subvention spéciale pour enfants TSA, le CLSC s'est activé pour nous décrocher des services au CRDI et du coup, il était entouré au quotidien d'une orthophoniste, d'un ergothérapeute et des services de l'éducatrice spécialisée du CRDI qui s'est chargée de former le personnel du CPE et de mettre en place des stratégies pour aider mon fils. Quand le temps est venu de commencer l'école, grâce à son diagnostic, il a eu accès à une classe spéciale pour les TSA à l'école Arc-en-ciel de Sainte-Julie dès ses quatre ans et d'un service de transport adapté entre l'école et le CPE.  En première année, il a été accepté dans une classe TSA à l'école Montarville à St-Bruno.

Le diagnostic précoce de mon fils lui a ouvert des portes.  Aujourd'hui, à six ans, maintenant qu'il a aussi reçu un diagnostic de TDAH en urgence à l'hôpital Ste-Justine (parce qu'il était dysfonctionel même en classe TSA), il reçoit la médication appropriée et sa qualité de vie (et la nôtre, les parents) s'est vivement améliorée après quelques mois.  Enfin, mon petit bonhomme s'épanouit, aime apprendre, développe ses intérêts. Son autisme n'est plus un obstacle aussi grand à franchir pour sa vie sociale, pour son apprentissage scolaire.  Son langage s'est développé, sa sociabilité, sa compréhension des codes sociaux, des étapes de la vie quotidienne et ses capacités d'apprentissage de l'abstrait continuent de s'améliorer. Il commence à avoir une conscience de « l'autre » qui est plutôt magnifique à observer.  Il commence à exprimer son empathie, à saisir les émotions, à voir le monde à l'extérieur de sa bulle.  En tant que mère, je suis profondément touchée par ses progrès.

Cela dit, je suis abonnée à de nombreux groupes de discussion sur l'autisme via Facebook.  Les questions les plus fréquentes proviennent de parents qui n'ont pas les moyens de se payer des services privés et ils se demandent où aller pour éviter le temps d'attente qui peut s'échelonner sur plusieurs mois, voire des années.  Si le dépistage précoce offre réellement une possibilité d'améliorer les chances d'adaptation de nos enfants TSA, pourquoi cette question n'est-elle pas plus largement débattue dans les médias?  Plus encore, et si les médias se penchaient plus à fond sur ce qu'est la réalité de l'autisme, sur la disparité entre les « cas », sur tous les autres troubles associés, et sur toutes les fausses croyances à ce sujet?

On fait régulièrement des analyses sur le temps d'attente dans les urgences ou pour des soins de dépistage pour des maladies comme le cancer, mais pourquoi pas pour le dépistage précoce de l'autisme?   C'est la qualité de vie de nos enfants qui en dépend.  Il me semble que c'est important, surtout que le taux de prévalence est élevé ici au Québec.  Et c'est sans parler des enfants avec un trouble du langage. Qu'attendons-nous?